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Jeanne, Carla, Claire, Charlotte, et les autres...Femmes, fêlures et folies.(Edition Le Manuscrit)

Elles sont amies, se connaissent vaguement ou font partie de la même famille. Elles pourraient se rencontrer dans une soirée, parler les unes avec les autres, ou bien les unes des autres. Toutes, sans exception, à un moment donné de leur vie, ont été sur le point de basculer. Certaines ont franchi le point de non-retour, quand le corps précède la raison, ou que le cerveau, ce petit bijou à la fois chimique et mécanique, ne maîtrise plus ce bel instrument de chair et d'os, de muscles et de peau. Avec quelquefois une certaine délectation. Ou bien un total abandon. Ou encore un chagrin immense, un désespoir puissant. Pour quelques-unes, ce sera juste une fêlure dans la porcelaine de leur vie. Elles l'ignorent, ou l'oublient. Pour les autres, la blessure mettra du temps à cicatriser, elle laissera des traces. Et pour les plus fragiles, ou les plus lucides, comment juger de cela, rien ne sera plus jamais comme avant : un gouffre s'ouvre, un désert, un univers simplement déréglé ou complètement apocalyptique. Elles s'approchent de leurs démons et se font dévorer.

Quoi qu'il en soit, à travers ces tremblements ou ces séismes, à cause de ces fêlures infimes ou de ces folies furieuses, toutes ces femmes se ressemblent un peu, elles partagent une commune douleur, une communion dérisoire, un possible croisement de leurs destinées. Elles sont parfois ridicules, touchantes, orgueilleuses, pitoyables, hypocrites, émouvantes. Il me semble qu'elles portent en elle un petit morceau de toutes les femmes du monde.