Extrait
Cette fois, un petit extrait de "Qui cherche la lune ne voit pas les étoiles", auto-publié chez Lulu.com :
J’avais
déjà expérimenté la dissociation entre le corps et l’esprit à différentes
reprises : on appelle ça aussi la maîtrise de soi. On pense un truc, on
ressent une forte émotion, et rien ne transparaît. Pas de cri, pas de larme,
pas un mouvement, pas un tressaillement de paupière. Alors qu’à l’intérieur ça
hurle, ça se débat, ça rue, ça piétine. On a un peu l’impression de devenir
fou. On est deux, quoi : un normal, calme, sage, assis sur son canapé le
cul dans les coussins, les mains croisées qui ne tremblent même pas, la mèche
au-dessus des sourcils qui chatouille mais si on lève la main pour la chasser
on ne sait pas trop ce que ça va déclencher et si ça ne va pas entraîner des
catastrophes alors on reste avec ce picotement qui finalement nous distrait un
peu de ce qui vient d’être dit. Et un autre complètement déjanté mais bien
planqué à l’intérieur et qui parle tout seul, enfin qui gueule « mais
c’est pas vrai c’est pas possible qu’est-ce qu’il me dit nous séparer pourquoi
non ! non ! », l’évanouissement est proche mais non on tient le
coup et si je me jette sur lui que je le supplie que je sanglote que je
m’accroche à ses genoux il va rester je vais me réveiller c’est un cauchemar.
Au dehors, rien, pas un mot, pas de bruit, il guette ma réaction, mais il
n’entend pas la folle du dedans, pour un mec qui sent les choses là il ne sent
rien, il croit vraiment que je suis la fille assise sur le canapé qui ne
respire plus et qui a une mèche sur l’œil. Je lui fais donc plaisir et je
souffle en articulant mais sans crier, sans élever la voix, avec une maîtrise
parfaite :
- Il y a quelqu’un d’autre ?